
J’ai rencontré la fondatrice et dirigeante de Profil Public, plateforme dédiée au secteur public qui a pour but de présenter le secteur public de l’intérieur au-delà des idées reçues. Un de ses objectifs est de faire découvrir chaque semaine des portraits inspirants de professionnels engagés pour le secteur public.
J’ai eu la chance qu’elle me propose une interview … à découvrir maintenant !
Ton parcours et ton métier au cœur de l'action publique
Trois moments ont fait changer mon regard et ma carrière.
Le 1er, j’avais 28 ans, j’étais en charge de la refonte d’un dispositif juridique et j’écoutais la ministre, au banc de l’Assemblée, défendre les réponses aux amendements que j’avais écrites. J’ai eu un sentiment très fort, je participais à la construction d’une politique publique et j’en étais fière.
La seconde expérience a été ma prise de poste à la préfecture du Rhône. Je trouve incroyablement dynamisant de passer de l’administration centrale aux services déconcentrés. En préfecture on se retrouve à proximité des usagers et on est au cœur de l’action publique !
Enfin, après une mise en disponibilité, j’ai pris le virage de la création d’entreprise. Je suis aujourd’hui coach consultante secteur public, spécialisée en préparation de concours, accompagnement de carrière et intervenante auprès des structures publiques.
En tant que coach certifiée, j’accompagne des personnes qui souhaitent intégrer la fonction publique, ou évoluer en son sein, que ce soit en améliorant leurs pratiques (managériales par exemple), en passant de nouveaux concours ou examens professionnels, ou en changeant de poste.
Quels sont les défis à relever ?
Lorsqu’on souhaite intégrer la fonction publique ou évoluer en son sein, tôt ou tard, on est confronté à un entretien pour défendre son projet. Or, selon d’où on vient et le réseau dont on dispose, on est, plus ou moins à l’aise pour prendre la parole en public et affirmer nos ambitions.
Trop souvent, les candidats aux concours ou les agents en recherche d’évolution, ne réussissent pas – non pas parce qu’ils n’ont pas le niveau – mais parce qu’ils ne savent pas le montrer.
Je crois au service public et à son devoir d’exemplarité en matière d’égalité des chances. C’est pour ça que mon engagement en tant que coach vise à accompagner toutes les personnes, managers ou non, titulaires ou non, étudiants de CPI, de classes égalité des chances etc., vers la réussite.
Concrètement nous allons travailler sur la construction, puis l’expression, d’un projet professionnel robuste, cohérent, et qui ressemble à la personne. Il faut imaginer deux niveaux de réflexions : le socle : « qui suis-je ? quels sont mes points forts ? qu’est-ce que je veux vraiment ? » etc., puis la forme, l’expression orale de ce message : « apprendre à gérer son stress, à prendre la parole en public et à incarner son propos pour convaincre ses interlocuteurs ».
Un projet de transformation publique qui te tient à cœur ?
Selon moi, si l’on veut une fonction publique plus ouverte et qui ressemble à la société, il est indispensable de faire évoluer la manière de se préparer aux concours. Nous sommes capables de réformer les écoles et les épreuves (du baccalauréat aux concours de la fonction publique, en passant par SciencesPo), il est temps que les prépas changent de paradigme. Les connaissances sont absolument nécessaires à la réflexion, aux raisonnements, mais elles ne suffisent pas.
L’Etat a besoin de personnes avec des projets, des idées et une volonté pour agir. Il faut mettre, et accepter plus de sincérité dans les recrutements. Pour cela il faut consacrer davantage de temps et de moyens à la préparation orale du candidat et à la construction d’un projet professionnel congruent.
Et quel serait, selon toi, l’enjeu majeur pour les institutions aujourd’hui ?
L’enjeu majeur pour les institutions et pour les personnes qui souhaitent agir en faveur de l’action publique, c’est finalement d’accepter de penser différemment un système de réussite au sein de l’Etat : accepter des personnalités et leur proposer un parcours de carrière personnalisé.
C’est aussi accepter de nouveaux outils de formation ou de préparation des concours. Je suis par exemple une aficionado des formations à distance, type webinaire ou visio-conférence, qui permettent de travailler à son rythme, lorsqu’on le souhaite, tout en conservant une approche personnalisée.
J’aimerai démocratiser les classes virtuelles. Les participants y sont accompagnés en petit groupe, en visio-conférence, par des coach-formateurs ce qui permet de maintenir un lien entre personnes « réelles ». En parallèle, des outils de travail collaboratifs sont mis en place afin de favoriser les échanges de manière individualisée pour répondre aux besoins de chacun.
En réalité, c’est une demi-innovation car c’est déjà possible aujourd’hui, mais cela reste un modèle difficile à faire entendre. Pourtant, au-delà des enjeux d’accessibilité et de gains de temps, c’est une solution très économique : fini les frais de déplacements, de restauration, voire d’hébergement…